Humour noir sur Cédrika!

Publié le par Cyril

Le Festival Juste pour rire, qui s'achève, a donné lieu à quelques blagues sur Cédrika Provencher. Est-ce normal de rire ainsi d'un événement aussi tragique ?

«Revenu Québec, c'est des malades mentaux. Tu leur dois 8 $, et ils vont kidnapper tes enfants. C'est eux autres qui ont la petite Cédrika !»

Cette blague, lancée par Mike Ward lors du gala de Jean- Marc Parent, a provoqué l'hilarité dans la salle. Le lendemain, mon collègue Philippe Meilleur écrivait qu'il avait ressenti un malaise à ce même moment.

D'autres blagues faisant mention de Cédrika ont été lancées lors des spectacles de la Zone interdite et du Show XXX Extrême, au Studio Juste pour rire. Chaque fois, les spectateurs ont dû se dire : «On ne devrait pas rire, c'est un événement tragique, mais...»

Le programmateur du Festival Juste pour rire, Éric Belley, considère l'humour comme un exutoire. Il juge que la blague faite par Mike Ward n'était pas de mauvais goût.

Comme on le voit souvent en humour, l'évocation de la petite fille ne sert que de référence commune. «Les humoristes vont se servir d'un truc pour attaquer autre chose», explique M. Belley, qui rappelle que la blague de Mike Ward visait les percepteurs d'impôt.

Passage obligé ?

Selon le psychologue Martin Courcy, le rire ne serait pas un bon indicateur pour déterminer si une blague est acceptable ou non. Le contexte d'un spectacle d'humour y est pour beaucoup : «Les gens rient pour n'importe quoi, et ils rient jaune parfois», dit-il.

Dans les faits, les blagues sur Cédrika Provencher lancées sur scène lors du festival étaient bien loin du mauvais goût dégagé par celles qu'on peut entendre dans la rue.

C'est à se demander si l'humour (parfois noir) n'est donc pas un passage obligé dans le processus de deuil collectif. «La population n'a pas à faire de deuil», estime le psychologue, spécialiste des situations de crise. Le deuil étant plutôt réservé à la famille et aux amis proches de la victime. Et qui mérite d'être respecté.

«Et on sait que les parents ne feront pas de deuil tant qu'ils ne trouveront pas le corps. C'est souvent ce qui arrive», ajoute-t-il.

Pas de bon moment

Peut-être est-ce simplement trop tôt, donc, pour faire des blagues impliquant Cédrika Provencher? «Il y a toujours un délai d'à peu près un an avant que les humoristes abordent les sujets plus corsés», indique Éric Belley.

De son côté, Martin Courcy pense qu'il n'y aura jamais de bon moment. Surtout dans le cas de Cédrika Provencher. «C'est une victime, rappelle-t-il. Même si le dossier était clos, ça demeurerait inapproprié.»

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