Agressions et sévices - Eugène Godbout

Publié le par Cyril

«Il se prenait pour Jésus, cette journée-là. Il s'est pendu sur le pôle de douche, les bras en croix, il s'est coupé le cou avec une lame de rasoir et j'ai dû boire son sang...»

 

La série de crimes sexuels et de mauvais traitements reprochés à Eugène Godbout, commis pendant une trentaine d'années dans plusieurs localités de la Rive-Sud et de la région de Bellechasse, est digne d'un «film d'horreur», selon le récit récemment livré au palais de justice de Québec par une de ses quatre victimes alléguées. Agressions sexuelles, punitions extrêmes et passages à tabac répétés à donner des hauts-le-coeur, par un accusé apparemment obsédé par la religion et par le diable.

 

C'est d'ailleurs «pour faire sortir le démon» que Godbout, 62 ans, exigeait de cette présumée victime qu'elle le masturbe, alors qu'elle était adolescente...

 

«Pendant ce temps-là, il tenait un couteau dans les airs, pointé vers le bas, et il parlait dans une autre langue, peut-être en latin. Quand il venait, il disait que le démon était sorti. Moi, je me sentais sale en maudit», a témoigné la femme maintenant âgée dans la quarantaine, à l'enquête préliminaire du résidant de Saint- Damien, qui s'est tenue devant le juge Michel L. Auger, à la fin septembre.

 

La plaignante, dont la mère a fréquenté Godbout à l'époque, a mentionné que ce dernier leur faisait lire la Bible à chaque soir et qu'elle et sa mère «mangeaient des claques dans la face» quand elles ne comprenaient pas «sa» signification des saintes écritures. Paradoxalement, Eugène Godbout tenait également des séances de spiritisme où «il parlait aux morts», selon elle.

 

«Purifiée» à l'alcool à friction

 

S'il n'en tient qu'aux propos de cette présumée victime, le crime le plus surréel et dégoûtant dont l'homme de 62 ans est inculpé remonte à un certain soir où elle avait 14 ans.

 

«Il est arrivé avec une bouteille d'al-cool à friction et m'a dit qu'il fallait me purifier. Que je travaillais pour le diable! Il m'en a versé sur la vulve, puis il m'a vidé la bouteille dans le vagin. Ça chauffait, ça faisait mal terrible. Il s'est rentré les doigts, puis il a sorti un morceau de peau de là. Il est allé voir ma mère et lui a dit : «Je l'avais dit qu'elle était pourrie!» en lui montrant le morceau arraché», a-telle déclaré en pleurant à la procureure de la poursuite, Me Nadine Dubois.

 

La même plaignante a affirmé avoir été abusée sexuellement à de nombreuses reprises par Godbout. Elle a dit s'être «dépêchée» à perdre sa virginité avec un autre ado «pour éviter qu'il (l'accusé) soit le premier; il tenait absolument à être le premier et quand je lui ai dit que ce ne serait pas lui, il m'a sacré une volée en me disant que j'étais une putain».

 

Le sexagénaire jouait aussi la carte de la «cruauté mentale», d'après la plaignante. Il l'aurait forcée à rester assise sur un banc de bois, les bras en croix, pendant «trois jours et trois nuits» pour la punir. «Pensez-vous que j'avais faim?», a-t-elle répliqué à l'avocat de Godbout quand il lui a demandé si on lui avait offert à manger durant sa punition.

 

De plus, il l'aurait amenée plusieurs fois à la chasse pour l'agresser sexuellement. «Quand je voulais pas, il me disait qu'il allait se tirer mais avant, il me fai- sait toucher à la (gâchette) du fusil, pour que je passe pour la coupable. Après, je me laissais faire, j'avais trop peur.»

 

Godbout lui faisait aussi écrire des lettres où elle devait exprimer son amour pour lui, en prétextant que «les paroles s'envolent mais les écrits res-tent »...

 



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