Trop près d'une église, le bar doit fermer

Publié le par Cyril

"C'est n'importe quoi ! On marche littéralement sur la tête là !". Au téléphone, la voix trahit la colère. Pierre Beruti est abasourdi. "Totalement abasourdi", répète-t-il en scandant les syllabes de son accent chantant. Le bar-tabac de son fils ; l'unique bistrot de La Motte, village du Var doit fermer. La raison : l'établissement est situé trop près de l'église. Ainsi l'a décrété mercredi la cour d'appel d'Aix-en-Provence ajoutant à cette décision une amende de 50 euros. Erick Beruti a été reconnu "coupable d'ouverture d'un débit de boissons en zone protégée". Et de clôturer un chapitre d'une histoire qui animait depuis plusieurs mois la petite communauté provençale. Cette histoire, ses habitants l'avaient même surnommée "La Pagnolette", c'est dire.
 
Petit résumé du film. Février 2007 : Erick Beruti se retrouve poursuivi pour exercer son activité trop près de la paroisse. Un arrêté préfectoral de 1978 interdit en effet les débits de boissons à moins de 40 mètres d'une église, d'une école, d'un cimetière ou d'une prison dans les villes de moins de 10.000 habitants. Et selon l'administration des douanes, son Bar des Cascades se trouve à moins de 40 mètres de l'église du village. 38 mètres précisément de la porte du lieu saint. Donc, ça coince.

"Beaucoup de bars devraient fermer alors"
 
Le deuxième acte se déroule au tribunal correctionnel de Draguignan. "Les débats étaient ridicules, toute la salle était aux éclats", se souvient une habitante du village. Et d'expliquer 'avé l'assent' que chaque parti y allait avec sa méthode de mesure. Le président du tribunal tranche ayant mesuré lui-même la distance entre les deux bâtiments : "Il y a très exactement 40 mètres et trois millimètres." Le pastis peut couler de nouveau au Bar des Cascades. Mais, le Parquet de Draguignan met le holà à tout ça en faisant appel de la relaxe en première instance.
 
La décision de la cour d'appel d'Aix-en-Provence ne sera sans doute pas le dernier épisode de "La Pagnolette". "Les magistrats feraient mieux de s'occuper de délinquants plutôt que de décider de fermer un bar, l'unique lieu de convivialité d'un village", tonne Pierre Beruti. Où vont se retrouver les gens maintenant. Quand je pense que des communes investissent des millions pour maintenir ces lieux de vie..."
 
Sur la route qui les ramène à La Motte, l'épouse du patron du bar prévient : "on va se battre jusqu'au bout. Là on est totalement détruit, on ne comprend pas mais si on s'en tient à cette décision, c'est beaucoup de bars en France qui vont devoir fermer." En fond sonore, la voix de son mari, au volant, répète "On va se battre jusqu'au bout, on va se pourvoir en cassation".

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