Le robinet ne coule plus

Publié le par Cyril

Même si notre province détient les plus grandes réserves d'eau douce par habitant de la planète, des milliers de Québécois ne peuvent boire l'eau de leur robinet. Et cette situation dure même depuis plus de cinq ans dans une vingtaine de localités.


Valérie Dufour
Le Journal de Montréal

Selon les données provinciales, un total de 67 municipalités ont émis des avis d'ébullition ou de nonconsommation de l'eau provenant des aqueducs publics.

 

«J'ai vécu en Afrique, où il est difficile d'avoir de l'eau potable. Mais on est au Québec. On a des sous. Je ne comprends pas qu'on ne soit pas capable de régler le problème», souligne Christiane Audet, citoyenne du village de Frelighsburg, aux prises avec un avis d'ébullition depuis l'an dernier.

 

Les deux tiers des avis sont en vigueur depuis plus d'un an et 17 cas sont privés de ce service essentiel depuis plus de cinq ans. Dans le lot, il y a peu d'avis de non-consommation liés aux algues bleues. La grande partie des aqueducs visés sont contaminés par des coliformes d'origine fécale.

 

Un grand nombre d'avis concernent des endroits peu populeux du Québec. Dans le lot, on peut notamment relever le pittoresque village de 300 personnes de Harrington-Harbour - rendu célèbre par le film La Grande Séduction -, sans eau potable depuis le 21 août 2000.

 

Pas surprenant

 

Chez Eau Secours, on n'est pas surpris du nombre d'avis d'ébullition et de non-consommation présentement en vigueur. «Il y a encore beaucoup de municipalités qui prennent leur eau brute dans le fleuve, les rivières, les lacs et les ruisseaux», signale le président de l'organisme, André Bouthillier.

 

Selon lui, c'est Québec qui est à blâmer. «Le gouvernement a une approche de crise. Il dit aux gens de ne plus boire l'eau ou de ne plus se baigner, mais il ne fait rien pour résorber le problème à sa source. Il faut une réglementation plus sérieuse pour protéger l'eau potable. Et ce n'est pas parce qu'on vit dans une petite ville qu'on n'a pas le droit d'avoir de l'eau traitée», croit M. Bouthillier.

 

«Il y a 500 000 lacs au Québec. Il y en a 190 qui servent de réserves d'eau potable et on ne fait rien pour les protéger. C'est malheureux, mais notre province est dernière de classe», souligne Jean-Guy Dépôt, de l'Association des propriétaires riverains du lac Bowker et membre du Conseil régional de l'environnement de l'Estrie.

 

Du temps et de l'argent

 

Ces accusations sont cependant réfutées par le gouvernement québécois. «Ces situations sont appelées à se régler, mais ça prend du temps car les municipalités doivent trouver une source d'approvisionnement en eau potable à coût raisonnable», assure Didier Bicchi, chef du service des eaux municipales au ministère de l'Environnement.

 

Le fonctionnaire explique que le gouvernent québécois avait identifié 90 réseaux problématiques à la suite du scandale de Walkerton et il assure que la situation a été corrigée dans les trois quarts des cas.

 

«Un avis d'ébullition n'est pas dramatique, au contraire. Ça veut dire que le système fonctionne. Comme citoyen, il est bon d'être informé s'il y a un problème avec la qualité de l'eau», souligne M. Bicchi.

 

Le Québec dispose de 3% des réserves mondiales d'eau douce.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article