Dans un état désolant

Publié le par Cyril

Conséquence des deux mois de lock-out au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, les sépultures de personnalités marquantes de l'histoire du Québec comme Maurice Richard et Olivier Guimond sont dans un état désolant, proche de l'abandon total.

«Mon père n'aurait pas été bien content», laisse tomber Maurice Richard Jr, fils du célèbre hockeyeur, qui avait porté les espoirs de tout un peuple lors de sa carrière avec le Canadien de Montréal.

 

Depuis que la direction du cimetière a mis ses employés en lock-out, le 16 mai dernier, les tombes de Maurice «Rocket» Richard, Pierre Bourgault, Jean Drapeau et même celle du père de la Confédération Sir Georges Étienne Cartier ont perdu leur fière allure.

 

Envahies par les mauvaises herbes, les fleurs sauvages, les branches mortes, voire même parfois les détritus, elles ont maintenant triste mine, a constaté le Journal après plusieurs heures passées sur le site.

 

Celle du comédien Olivier Guimond, le comique favori des Québécois pendant des années, a pratiquement disparu derrière les hautes herbes.

 

Non-respect

«C'est un non-respect de la mémoire de mon père, mais c'est aussi un non-respect de la mémoire de tous ceux qui reposent là», s'insurge Maurice Jr, informé par le Journal de l'état dans lequel se trouve le monument de son géniteur.

 

D'autres sépultures, comme celle de l'ancien premier ministre Robert Bourassa, ne gardent une apparence correcte que grâce au travail de la famille ou des proches.

Dans l'ensemble, le cimetière Notre-Damedes- Neiges, le plus grand au Canada, offre un sinistre spectacle, depuis le déclenchement du conflit.

 

L'endroit est envahi par les broussailles qui atteignent parfois plus d'un mètre. Des tas de branches mortes et des sacs à ordures pleins traînent dans certaines allées, sans que personne ne vienne les ramasser.

Jardinage

Lors du passage du Journal hier, quelques familles se livraient à de vraies séances de jardinage pour redonner une allure décente à leur lot.

 

«Franchement, il ne faudrait pas que ça dure éternellement, avertit Maurice Richard Jr. Je veux bien comprendre qu'il y a un conflit, mais ils devraient assurer les services essentiels, comme dans d'autres secteurs», raconte le fils, qui compte se rendre à la tombe du «Rocket» dans les prochains jours pour réparer les dégâts.

Pas de traitement de faveur

Le président du syndicat des employés en lock-out du cimetière Notre-Dame-des- Neiges dit compatir avec toutes les familles qui souffrent du conflit, mais s'oppose à toute forme de «traitement spécial» pour les personnalités publiques.

 

«On serait contre le fait qu'il y ait des interventions pour les personnes connues et qu'on laisse de côté les lots des personnes plus démunies», avertit Daniel Maillet, président du syndicat.

Nos pères, nos mères

«Le petit ouvrier, souvent, la seule reconnaissance qu'il a c'est après sa mort et de la part de sa famille. Pour bien du monde, ce sont leurs pères, leurs mères, leurs grands-mères qui sont les héros», précise M. Maillet, dont le père et le grand-père reposent tous deux à Notre- Dame-des-Neiges.

 

Le président dit souhaiter une reprise active des négociations entre les parties syndicale et patronale. «Il y a clairement un mépris de la direction envers les familles qui souffrent», dit-il au sujet de son employeur, la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, qui gère le cimetière.

Sous-traitance

Les négociations avaient achoppé sur plusieurs points, dont la volonté patronale de sous-traiter certains services, ce à quoi le syndicat de 130 employés s'oppose.

 

De son côté, le syndicat demande que le nombre de semaines travaillées par 67 employés saisonniers passe de 26 à 36 annuellement, l'établissement d'un fonds de pension à prestation déterminée et la semaine de quatre jours.

 

Les porte-parole de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame n'ont pas rappelé le Journal hier soir.

 

Vincent Larouche
Le Journal de Montréal

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