Vol AF447 - Jean-Claude et Yvonne ne voyagaient jamais ensemble.

Publié le par Cyril

Que ce soit pour leur travail ou leur plaisir, Jean-Claude et Yvonne avaient décidé, après la naissance de leur deux fils dans les années 80, de ne jamais voler sur le même avion, pour éviter, en cas d'accident, que leurs enfants ne se retrouvent orphelins.
 
Revenant du Brésil la semaine dernière, ils ont donc décidé, comme d'habitude, de ne pas prendre le même avion. Yvonne est rentrée à Paris jeudi et Jean-Claude est donc parti dimanche de Rio, par le Vol AF 447, pour arriver lundi à Paris. Il fait partie des 228 victimes.

Leur ami français, installé au Brésil, chez qui ils ont passé quelques jours, a témoigné sur Europe 1 : "Ils partaient sur l'idée que s'il y avait un accident, au moins l'un des deux pouvaient rester là pour s'occuper des enfants". A la question sur l'état d'esprit d'Yvonne, l'ami a répondu simplement "Yvonne, elle parle très peu, elle pleure".

D'autres témoignages affluent sur ces vies brisées. Bianca, jeune médecin, venait d'épouser Eduardo, avocat. Les deux jeunes mariés avaient choisi Paris comme voyage de noces. Autre couple détruit, celui d'Ana et Javier qui s'étaient mariés début mai et avait choisi Rio comme destination pour leur lune de miel. Vivant à Dubaï, Ana revenait seule, son mari étant rentré sur un autre vol. La jeune femme avait décidé de prolonger ses vacances en allant rendre visite à sa famille en Catalogne via Paris. 
 
Pierre-Cédric, co-pilote sur ce vol, avait emmené son épouse, Isabelle, pour ce voyage. Cette jeune femme était professeur agrégé de physique pour les classes préparatoires du lycée Gustave-Eiffel à Bordeaux. Le couple laisse deux jeunes garçons de 4 et 8 ans, aujourd'hui orphelins. 
 
Yvan et Isabelle, la quarantaine, passionnés de plongée rêvaient depuis longtemps de ce voyage au Brésil. Ils avaient pu réaliser leur rêve grâce aux miles accumulés par Yvan dans son travail de commercial. Aujourd'hui, leur fille de 15 ans, élève en seconde, ne réalise toujours pas et espère encore.

Contrastant avec toutes ces vies détruites, quelques rares histoires de "miraculés" ont été rapportées. Bianca et Rodrigo, eux aussi jeunes mariés, avaient décidé de prolonger leur fête de mariage et ont repoussé leur vol de 24 heures. Ils en ont pleuré de joie. Mauricio s'était présenté au comptoir d'Air France avec un passeport hors validité et n'a pu embarquer dimanche soir. La rage qu'il a ressentie envers lui-même s'est transformée "en immense soulagement après coup" a-t-il confié à la presse.

Pas de miracle pour Marie-Noëlle mais un soulagement vis à vis de ses enfants. Elle a refusé de partir avec son mari, Pascal, responsable des crédits clients chez CGED ; elle l'avait déjà accompagnée en Irlande, New-York ou encore Venise dans le cadre de voyages organisés par la société. Même si son chagrin est immense, elle ne le regrette pas pour ces enfants. Aujourd'hui, elle attend de recevoir la dernière carte postale de Pascal.

 

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