Un grand millésime pour les artistes québécois.
Il est vrai qu’il y a eu certains artistes pour qui le succès allait être au rendez-vous. Avec un disque en français et un autre en anglais, Céline Dion, la plus internationale de nos vedettes, a fait un carton tous azimuts. C’était prévu.
On n’a jamais douté non plus qu’une Isabelle Boulay allait bien faire avec un album aux effluves country et qu’une Marie-Élaine Thibert allait s’imposer avec un disque plus personnel et moins prévisible que son premier. Et si on ne s’attendait pas à ce qu’il écoule 200 000 exemplaires de son album (lui non plus, d’ailleurs), Claude Dubois avait une liste d’invités qui avait tout pour attirer le public avec Duos Dubois. Cela dit, ce sont le retour de vétérans ambassadeurs, l’audace et la découverte de jeunes artistes qui auront été nos faits saillants.
Au premier plan, Daniel Bélanger, Jean Leclerc (l’ex-Leloup), la grande Diane (Dufresne, bien sûr) et notre ostie de ciboire favori (un certain Plume) sont tous revenus nous rappeler, chacun dans leur style bien particulier, pourquoi ils étaient les références dans leur domaine. Dans le cas de Bélanger, Leclerc et Latraverse, ça faisait une mèche qu’on n’avait pas eu droit à un album complet de matériel original de leur part.
Et puis, deux collectifs sont réapparus: Bran Van 3000 avec un nouvel album, ainsi que Me Mom & Morgentaler, en rééditant et remixant son classique d’antan et en décapant les murs du Club Soda durant quatre soirs. Là aussi, la qualité était au rendez-vous. Quant au retour populaire, c’est celui sur disque de Nathalie Simard, dont la tragédie personnelle a alimenté les palais de justice ces dernières années.
L’ORIGINALITÉ
Rayon originalité, Pierre Lapointe a conclu sa folie des grandeurs avec sa Forêt des mal-aimés avec le plus méga débile- show qui soit en compagnie de l’Orchestre Métropolitain, pour utiliser un langage actuel. Audacieux.
Cette audace, d’autres jeunes artistes l’ont assumée sur les planches et sur disque. Marie-Annick Lépine s’est aventurée hors du ranch des Cowboys fringants pour nous offrir un disque aussi personnel que touchant, et en date du 31 décembre, en raison de ses huit supplémentaires, Dumas aura offert plus de 30 spectacles au National cette année.
Néanmoins, l’audace des audaces, c’est celle de Malajube. Quiconque aurait souligné qu’un groupe francophone québécois allait s’offrir une tournée mondiale de 150 shows dont les deux tiers ont été offerts aux Canada anglais et aux États-Unis aurait faire rire de lui il y a dix-mois. Malajube a aussi été audacieux en acceptant l’offre des FrancoFolies de présenter trois spectacles différents cet été, concept qui a été repris par unautre groupe d’audacieux, ceux de Karkwa.
Rayon découvertes, Pascale Picard et Tricot Machine ont fait ouvrir les yeux à bien des gens. Le duo sympathique de Tricot a obtenu le titre de révélation de l’année au plus récent gala de l’ADISQ, titre qui ira à Picard en 2008, n’en doutez pas une seconde, elle qui a obtenu une certification platine pour Me Myself & Us.
Finalement, il y a eu deux retraites, l’une magnifique et l’autre toute croche. La magnifique, ce fut celle de Jean- Pierre Ferland en janvier, à sa guise, et au moment qu’il l’a choisi. Monsieur Ferland, on vous salue.
La retraite toute croche, c’est celle de la mise à mort du Spectrum. La fermeture en soi, c’est triste, mais même le Forum a dû fermer. On peut vivre avec ça. Non. L’idiotie, c’est que Spectra a fermé la salle à la fin des FrancoFolies à la demande des propriétaires des immeubles situées au coin Saint-Laurent et de Bleury, prétextant qu’ils allaient raser le coin avant le 17 octobre, date du 25e anniversaire du Spectrum, et soirée pressentie pour fermer la salle avec une vraie de vraie fermeture. Aux dernières nouvelles, le Spectrum – désaffecté – est toujours debout.