Une ville déchirée

Publié le par Cyril

Les ponts vétustes du Québec n'ont pas fini de faire suer les automobilistes. Cette fois, c'est la population de Saint-Lin-Laurentides qui s'apprête à vivre un véritable «drame» alors que le démantèlement urgent du pont de la route 335, lundi prochain, sciera la ville en deux.

Le mot «drame» était en effet sur toutes les lèvres, hier, au coeur de la ville de 13 000 âmes dans les Basses-Laurentides. Les gens ont compris qu'ils auront à vivre des ennuis majeurs au quotidien puisque le seul lien routier entre le sud et le nord du village va disparaître pour au moins cinq mois.

 

Cette déchirure au coeur de Saint-Lin signifie un détour d'au moins une demi-heure en auto pour traverser d'une rive à l'autre de la rivière L'Achigan, ce qui prend normalement quelques secondes.

 

Le ministère des Transports promet à la population une «passerelle piétonnière» pendant les travaux. Mais cette solution n'élimine pas les critiques alors qu'il y a des écoles des deux côtés du pont et que les deux garderies, l'aréna et le centre communautaire sont situés dans la partie sud du village.

 

Sécurité publique

 

L'administration municipale doit aussi mettre en place rapidement des solutions urgentes pour la sécurité publique.

 

«On devra doubler les services des pompiers, des ambulanciers et de la police (SQ) de chaque côté de la rivière», soutient le maire André Auger.

 

Cette situation durera jusqu'à la fin du mois de décembre alors que le nouveau pont sera ouvert à la circulation.

 

Le pont, qui était déjà en réparation, doit être démoli pour des raisons de sécurité, et les culées d'appui sur les deux rives feront l'objet d'expertises parce que l'une d'elles a bougé, selon Doris Mercier du ministère des Transports.

 

La population est sens dessus dessous depuis que la nouvelle circule.

 

Décision récente

 

Le ministère des Transports du Québec a pris cette décision jeudi dernier et l'information a été confirmée vendredi, mettant tout le monde en rogne à cause du détour d'une vingtaine de kilomètres.

 

La colère est notamment manifeste chez les marchands, dont plusieurs prévoient des mises à pied dans le personnel ou carrément des fermetures.

 

Selon le maire André Auger, «il est évident que la fermeture du pont va causer des ennuis importants, mais quel choix avons-nous?» demande-t-il.

 

Cette fermeture rend impossible tout déplacement local vers le nord ou le sud de la rivière, et les marchands savent bien que les consommateurs vont obligatoirement acquérir de nouvelles habitudes d'achat dans les villages voisins.

 

Le Pont du Village - c'est son nom - sur la route 335 a été construit en 1948. Son remplacement coûtera 2,8 M$.

 

C'est sur ce chantier, le 30 mai, qu'un jeune travailleur a perdu la vie lorsque son échafaudage a cédé sous son poids.

 

La Commission de la santé et sécurité du travail (CSST) avait alors ordonné la suspension des travaux pour fins d'enquête et le rapport sur l'effondrement de l'échafaudage n'a pas encore été rendu public.

 

L'entrepreneur avait pu reprendre les travaux de réfection du pont en respectant les directives du ministère des Transports, soit de démolir une partie du tablier pour le refaire à neuf, en maintenant une voie ouverte.

 

«Mais, de dire le maire André Auger, le Ministère a de nouveau suspendu les travaux après avoir découvert des problèmes.

 

«Moi, je sais que pas un seul ingénieur du ministère des Transports n'a voulu signer un document pour assurer que les travaux pouvaient se poursuivre en toute sécurité», a dit au Journal le maire Auger.

 

Le chantier du pont de la 335, à Saint-Lin-Laurentides, cause des embouteillages et des retards depuis plusieurs mois et la population ne comprend pas que le MTQ n'ait pas envisagé d'autre solution que la fermeture du pont.

 


André Beauvais
Le Journal de Montréal
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