FÊTÉ DANS LE GARAGE

Publié le par Cyril

Difficile pour un pédophile connu comme Guy Cloutier de réintégrer la société. L'homme, qui célébrait hier son 67e anniversaire, a passé une partie du repas caché dans le garage du chic restaurant Le Piémontais. Un serveur a même refusé de le servir.

L'ancien imprésario, qui prévoyait probablement un repas tranquille dans la salle à manger du restaurant, a vu sa fête bouleversée par la présence inattendue de René Simard, qui est le frère de sa victime, Nathalie Simard.

Selon nos informations, une réservation au nom du groupe de M. Cloutier avait été faite au Piémontais, une table montréalaise prisée des célébrités, pour 13 h 30. Ils devaient fêter dans la salle à manger, parmi les autres clients.

Un imprévu aura toutefois chamboulé ce plan. L'animateur et chanteur René Simard, un habitué du restaurant, avait, par un pur hasard, aussi décidé d'y dîner.

Pour ne pas incommoder leur client, les propriétaires du Piémontais ont demandé à Guy Cloutier d'attendre son départ dans le garage.

M. Cloutier, qui est arrivé au restaurant vers 14 h par la porte de service, a attendu avec ses invités durant près d'une heure avant de vraisemblablement terminer son repas dans la salle à manger.

L'épouse de Guy Cloutier, Jocelyne, son avocat et ami de longue date Me Léo-Paul Fournier et le compositeur de la comédie musicale Don Juan, Félix Gray, comptaient parmi les invités.

Pas le bienvenu

La visite de l'ancien imprésario au Piémontais n'a pas semblé faire plaisir à tout le monde.

Un serveur a même lancé à un collègue : «Moi, je ne sers pas ce gars-là, et surtout pas dans le garage.»

Même le copropriétaire du chic restaurant semblait mal à l'aise de la présence de Cloutier.

«C'est un lieu public ici et on ne peut pas refuser des clients, a-t-il expliqué. Beaucoup de vedettes mangent dans notre restaurant.»

Selon nos informations, Guy Cloutier était un habitué du Piémontais avant son incarcération, mais hier c'était la première fois qu'il s'y rendait depuis sa sortie de prison, en juillet 2006.

Une belle fête

L'ancien imprésario semblait malgré tout très satisfait de la petite fête à sa sortie du restaurant, par la porte arrière, vers 17 h 30.

Cadeau en main, il a accueilli avec le sourire les souhaits et les voeux de ses invités.

«J'ai très bien mangé, a-t-il lancé à la journaliste. Comme d'habitude, c'était bon.»

Il a ensuite quitté le stationnement en compagnie de son épouse. Ses filles Stéphanie et Véronique n'étaient pas sur place.

Guy Cloutier a été incarcéré en 2005 pour avoir abusé sexuellement pendant plusieurs années de la chanteuse Nathalie Simard lorsqu'elle était mineure et d'une autre personne dont l'identité n'a pas été révélée.

  • De juillet 1980 à juillet 1987: Guy Cloutier se livre à des agressions répétées sur la personne mineure de Nathalie Simard.
  • 25 mars 2004: Guy Cloutier est arrêté à son condo de l'Île-des-Soeurs.
  • 17 novembre 2004: Guy Cloutier enregistre un aveu de culpabilité à cinq chefs d'accusation impliquant cette fois deux victimes d'âge mineur à l'époque des faits.
  • 20 décembre 2004: Guy Cloutier est condamné à purger trois ans et demi de prison.
  • 24 mai 2005: Nathalie Simard, première victime de Guy Cloutier, demande à la cour que l'interdiction de dévoiler son identité soit levée.
  • 12 avril 2006: Guy Cloutier se présente pour la première fois devant les commissaires pour demander sa libération conditionnelle. Sa requête est toutefois repoussée de deux mois après qu'une troisième présumée victime se soit manifestée. Au terme d'une autre enquête, aucune accusation n'est déposée.
  • 21 juillet 2006: Guy Cloutier retrouve sa liberté en acceptant de se soumettre à certaines conditions.

Depuis, l'ex-imprésario limite ses sorties publiques et se terre dans sa maison de l'Estérel, dans les Laurentides.

 

Le serveur était tenu de servir Cloutier
Le serveur du restaurant Le Piémontais qui a refusé de servir Guy Cloutier, hier, contreviendrait à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.

«Les antécédents du client ne doivent en aucun temps intervenir sur la qualité du service offert», estime François Meunier, de l'Association des restaurateurs du Québec.

Il avoue ne jamais avoir composé avec des cas semblables auparavant, mais n'hésite pas à dire que de tels agissements devraient mener au renvoi.

«Ce n'est tout simplement pas acceptable en vertu de la Charte des droits, dit-il. Tous les clients ont droit aux mêmes services.»

Professeur en droit du travail à l'Université du Québec à Montréal, Noël Mallette croit lui aussi que l'employé pourrait subir des représailles de son employeur. «Je comprends ses réticences personnelles, dit-il, mais il a l'obligation d'obéir aux ordres légitimes et légaux de son employeur.»

Une peine à vie

Guy Cloutier a écopé d'une peine de 14 mois de prison pour agression sexuelle à l'endroit d'une mineure, en 2004. Mais le prix qu'il aura à payer durera probablement toute sa vie, comme le plaidait son avocate Sophie Bourque au moment du procès.

Elle avait alors comparé son client à un «prisonnier social», un qualificatif qui semble encore perdurer aujourd'hui.

Gabrielle Duchaine-Baillargeon
Le Journal de Montréal

 

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