U2, c’est énorme !

Publié le par Cyril

 y a les Barnums. Les concerts géants taillés pour les stades. Et il y a U2, monstre rock habitué des grands espaces depuis des années : hippodrome de Vincennes, Parc des Princes, Stade de France ce soir et demain*, dont les billets ont été vendus en quelques minutes. Rien de surprenant, jusqu’à la découverte de ce nouveau show qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer.

Le choc a lieu à Milan mercredi. En pénétrant dans le stade San Siro, on ne voit qu’elle, cette scène tentaculaire plantée au milieu de la foule. Pieuvre, araignée, station spatiale : c’est a un peu tout cela avec sa gigantesque tour de contrôle et ses quatre immenses pattes qui se déploient, jusqu’à presque chatouiller les gradins. Cinquante mètres de long, 390 t de ferraille, un immense écran circulaire, U2 s’est donné les moyens de ses ambitions : réinventer la grand-messe rock, repousser les limites de la technologie.

Trente ans de rock

Le quatuor irlandais arrive pourtant simplement sur « Breathe », nouveau titre de son dernier album. Veste sombre à carreaux, lunettes larges, Bono arpente le plateau, tourne sur lui-même. « 360 degrés », hurle-t-il au public qui verra parfaitement son groupe installé au centre du stade. Pas le temps de respirer que U2 enchaîne « No Line on the Horizon », puis ses deux derniers tubes, « Get on Your Boots » et « Magnificent ». Des passerelles glissent pour permettre aux musiciens de rejoindre un anneau géant qui les rapproche des spectateurs. Ils ne relâchent jamais l’intensité d’un rock puissant, tendu, rappelant que, même dans la démesure, U2 reste quatre potes qui font de la musique ensemble depuis trente ans, avec une impressionnante série de classiques : « I Still Haven’t Found What I’m Looking for », « Beautiful Day », « Desire » et son clin d’oeil à Michael Jackson. Bono y glisse les refrains de « Billie Jean » et « Don’t Stop ’Til You Get Enough », sans en rajouter.
Au bout de quarante minutes, le groupe ralentit, le temps d’un duo acoustique Bono-The Edge sur « Stuck in a Moment You Can’t Get out of ». Moment précieux, tout comme « The Unforgettable Fire », trésor ressuscité de 1984 pour l’un des temps forts : l’écran qui surplombe le groupe se disloque, s’étire en centaines de petits carrés digitaux, jusqu’à frôler les musiciens. La nuit est tombée. Les images brillent de mille feux sur « City of Blinding Lights » tandis que Bono court pour livrer les incandescents « Sunday Bloody Sunday » et « Pride ».
Tout serait parfait si Bono ne troquait pas soudain ses habits de chanteur pour ceux de prêcheur. Pendant « MLK », écrit à l’origine pour Martin Luther King, il affirme son soutien à Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix. Il en remet une couche avec « Walk on », où des figurants défilent avec le visage de la dissidente birmane en carton-pâte. On frise le grotesque. Puis l’archevêque sud-africain Desmond Tutu apparaît sur les écrans pour défendre la fondation One.org, créée par Bono, tandis que le groupe revient pour un « One » fédérateur.
« Parfois, c’est le boulot du rock’n’roll de tirer la sonnette d’alarme », se justifie Bono qui n’avait pas oublié, en début de concert, de remercier les sponsors de sa tournée. On soupire poliment. Seul bémol d’un show qui devrait faire date.
* U2 ce soir et demain au Stade de France. Et mercredi à Nice. Complet.

 

Publié dans Musique

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