Robert Louis-Dreyfus est mort

Publié le par Cyril

Robert-Louis Dreyfus, homme d'affaires et actionnaire principal de l'Olympique de Marseille (OM), est décédé d'une leucémie, a confirmé samedi soir une source proche du club. Il avait été admis à l'hôpital à Zurich pour combattre sa leucémie. Robert Louis-Dreyfus n'a jamais réussi depuis son arrivée à la tête du club en décembre 1996  à faire de l'OM un grand club européen, malgré quelques coups d'éclat.

Jusqu'en 1996, la chronique sportive n'avait eu que peu de raisons de s'intéresser à cet homme, père de trois fils, abonné aux éloges des gazettes  économiques. Héritier d'une dynastie de courtiers en céréales et d'armateurs, né dans les  beaux quartiers de Paris et résidant en Suisse à Davos, "RLD" s'est d'abord fait  un nom hors du giron familial qu'il a quitté après avoir travaillé brièvement  dans les campagnes américaines puis au Brésil. Il est titulaire d'un MBA à  Harvard décroché sans son bac, aimait-il rappeler. Il transforme en jackpot, de 1981 à 1989, une société d'études de marché  dans le secteur médical aux Etats-Unis (IMS), avant de relancer l'agence de pub  londonienne Saatchi et Saatchi (PDG de 89 à 93) et d'orchestrer jusqu'en 2001,  délocalisations à l'appui, le redressement d'Adidas dont il fut le patron.

Ce n'est qu'en 2000 qu'il revient dans le groupe familial (plus de 20  milliards d'euros de chiffre d'affaires), en quête de dirigeants du sérail. Il a aussi fondé, à titre personnel, la société de droits sportifs Infront,  née de la chute de l'empire Kirch. Jamais, pendant ce temps, la passion du sport ne le quitte. "Il adore tous  les sports. Je crois que lui-même aurait voulu être un grand sportif. Et  personne ne peut le suivre au ski!", raconte l'ex-champion de boxe Louis  Acariès, un de ses proches.

Délesté de 210 millions d'euros en 12 ans

En 1996, il se laisse convaincre par le maire de Marseille Jean-Claude  Gaudin, président ès qualité de l'OM pendant une courte période. Par attrait  pour cette ville, par envie de se piquer au jeu du foot, mais aussi par  stratégie commerciale, pour offrir à Adidas une vitrine de luxe comme l'OM. C'est l'époque où il lance: "Je sais que je ne gagnerai jamais de l'argent  avec l'OM". De là à se voir délester sur ses propres deniers d'environ 210  millions d'euros en un peu plus de douze ans....Car Louis-Dreyfus investit alors dispendieusement, parfois abusé par des  agents et dirigeants délégataires. Ce manque de contrôle direct a notamment valu à Robert-Louis Dreyfus d'être  condamné en octobre 2007 à dix mois de prison avec sursis et une amende de  200.000 euros pour des transferts illicites. Son entraîneur de l'époque, Rolland  Courbis, a, lui, été condamné dans le cadre de la même affaire à deux ans de  prison ferme.

Très affecté par ce jugement qu'il vit comme un déshonneur, "RLD" décide  alors de mettre en vente le club. Mais l'opération se solde par un échec  retentissant fin mars 2007, en raison du caractère sulfureux de l'acquéreur  potentiel, le Canadien Jack Kachkar.  Echaudé, il décidera finalement de conserver l'OM, d'autant que les  résultats sportifs en amélioration (2e en 2006-2007, 3e en 2OO7-2008, 2e cette  saison) nourrissent son espoir d'un titre, que deux finales perdues de coupe de  l'UEFA (1999 et 2004) et de Coupe de France (2006 et 2007) n'ont pu satisfaire.  Son décès ne va pas manquer de relancer les spéculations sur un nouveau  projet de vente. D'autant que la holding Eric Soccer, qui appartenait en nom  propre à "RLD" pourrait réintégrer le groupe Louis-Dreyfus lui-même. De  l'intérêt stratégique ou non d'un club de football pour une multinationale de  cette taille dépendrait désormais l'avenir de l'OM... 

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